UNION EUROPEENNE - AFRIQUE CENTRALE.
L’Hôtel Hilton de Yaoundé a servi de cadre le 31 janvier 2023 à une importante rencontre Union Européenne – Afrique Centrale qui s’est inscrit dans la logique globale d’appropriation régionale du nouveau cadre de coopération post-Cotonou. Les enjeux étaient multiples et stratégiques, pour la capitalisation de la coopération entre les deux partenaires.
Consacrés à la présentation de l’instrument financier «Global Europe» et la stratégie d’investissement «Global Gateway», les travaux de la rencontre régionale : Union Européenne – Région Afrique Centra tenue le 31 janvier 2023 au Hilton Hôtel de Yaoundé, ont permis d’écrire une nouvelle page de l’histoire de la coopération entre les deux partenaires. Ce d’autant plus qu’elle s’inscrit dans la logique globale d’appropriation régionale du nouveau cadre de coopération post-Cotonou. Pour cet important rendez-vous, tous les Etats de la région Afrique centrale et les différentes institutions internationales étaient accompagnés de toutes les équipes techniques de leurs administrations respectives : Délégations/pays de l’Union européenne, Cellules nationales d’appui aux ordonnateurs nationaux FED, GTTPIR/CEMAC et les autres. Preuve s’il en était besoin que les enjeux de cette rencontre étaient multiples et stratégiques, pour la capitalisation de la coopération entre l’Union Européenne et la région Afrique centrale. Surtout lorsqu’on sait que le soutien constant et la vision éclairée qu’apporte la coopération de l’Union Européenne à la région Afrique Centrale sur le chemin de l’insertion harmonieuse de ses économies nationales dans l’économie mondiale sont précieux. Ceci à travers d’une part l’instrument financier Global Europe, qui dispose des programmes Indicatifs Pluriannuels (PIP) agissant par le biais des membres de l’UE, leurs institutions financières y compris la Banque Européenne d’Investissement (BEI) et la Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement (BERD). Et d’autre part, la stratégie d’investissement «Global Gateway» qui se déploie depuis le 2 février 2022 par le biais du Programme Indicatif Multi-annuel (PIM). Il va s’étendre sur la période 2021-2027. Une d’une première enveloppe de 178 millions d’euros (soit environs 116,7 milliards de Fcfa) sera versée en guise d’accompagnement financier pour la période 2021-2024. S’agissant des trois dernières années 2025-2027, l’allocation financière y relative sera déterminée à la suite d’une revue de performances du portefeuille en 2024. A l’échelle continentale, Global Gateway le projet 150 milliards d’euros soit environs soit environ 98 100 milliards FCFA sur une durée de 6 ans (2021-2027).
Le Président de la Commission, Pr. Daniel Ona Ondo de reconnaitre que «l’alignement de l’instrument ‘’Global Europe’’ ainsi que le Fonds Européen de Développement Durables sur les priorités et objectifs stratégiques définies par la CEMAC, la CEEAC avec leurs Etats membres, se révèle comme étant un critère fondamental de revitalisation du nouveau cadre de coopération Union européenne – Afrique centrale.» C’est dire si le principal défi du nouveau paradigme de la coopération Union européenne – Afrique centrale reposerait simultanément sur une bonne appropriation régionale du nouvel instrument de partenariat qui a été présenté, ainsi que sur la conformité de l’alignement de celui-ci sur les objectifs prioritaires de développement définis par la région, suivant les engagements conjoints sur l’efficacité de l’aide qu’il va rappeler : « C’est l’occasion me semble-t-il, de nous souvenir de nos engagements communs concernant l’efficacité de l’aide, pris ensemble dans la Déclaration de Paris de 2005, dans l’Accord d’Accra de 2008 et repris à Busan en 2012. Le premier engagement et principe de l’efficacité de l’aide stipulé dans ces accords de Paris, Accra et Busan, est celui de l’alignement de l’aide sur les priorités de développement des pays en développement », a indiqué Pr Daniel Ona Ondo.
Le potentiel qui fait de l’Afrique Centrale une niche
Le Président de la Commission va profiter de cette occasion pour présenter une brève mise en perspective économique des atouts majeurs de la région Afrique centrale qui, estimera-t-il s’avérait nécessaire, pour une meilleure compréhension des défis à considérer ainsi que des actions à planifier à l’horizon 2030. Indiquant à ce partenaire au développement le souci d’intégrer dans les logiques de planification des politiques publiques régionales, les tendances actuelles d’évolution démographiques pour une population d’environ 210 millions en 2023, qui passera à 500 millions d’habitants en 2050. Mettant ainsi en exergue l’une des principales richesses d’une communauté qui est son capital humain. Et par ricochet, le fort potentiel lié à l’énorme marché économique qui en résulte, avec ses différents corolaires tels : la construction d’un secteur privé dynamique, le développement des infrastructures structurantes, des fortes capacités d’investissement pour la création des emplois durables et de qualité. C’est pourquoi, il a lancé aux deux parties en coopération, l’appel « d’envisager la facilitation du commerce entre les deux régions, dans le cadre de l’Accord de Partenariat Economique et de la Zone de Libre Echange panafricaine, la ZECLAF ». De même, il a mis en exergue la superficie que représente cette région Afrique Centrale qui s’étend sur plus de 6,6 millions Km2, environ une fois et demie plus grande que l’Europe. Perçue comme telle, l’immense superficie de la région Afrique centrale se révèle comme étant un atout majeur de niveau mondial pour le renforcement des chaines de valeurs industrielles agroalimentaires.
Quant aux richesses naturelles, il a insisté sur le fait que l’Afrique centrale est couverte d’immenses forêts primaires qui régulent l’équilibre écologique de notre planète et la protègent des changements climatiques et des émissions de CO2 dont elle n’est pas responsable. De même, qu’elle possède un fort potentiel hydroélectrique pour la production d’hydrogène vert à base d’énergies renouvelables, s’avère aussi un autre atout de premier plan mondial de l’Afrique centrale et certainement pas le dernier, puisqu’il a aussi cité la transition énergétique. Soulignant qu’il ressort des analyses des perspectives de l’économie mondiale, que cette transition énergétique ne pourrait pas se réaliser efficacement sans recourir à l’exploitation des ressources minières dont l’essentiel des réserves mondiales se trouvent logées en Afrique centrale. Sur ce point, il s’agirait d’un enjeu majeur de développement durable aussi bien pour la région Afrique centrale que pour l’Union européenne. Seulement, il va de soi que pour produire les minerais essentiels de la transition énergétique cela exige des investissements majeurs dans les infrastructures de transports et de l’énergie en particulier. Ce qui pourrait bénéficier prioritairement aux finances publiques de l’Afrique centrale, notamment dans les secteurs de la santé, de l’éducation, de la formation axée sur la création massive d’emplois durables pour la jeunesse.
Toutefois, il faut préciser que dans ce nouveau paradigme de coopération, le principe de cogestion du FED disparait et laisse place au nouveau Fonds Européen de Développement Durable (FEDD) que le président de la commission a dénoncé. « Elle consacrerait la possibilité à l’UE de décider presque unilatéralement des actions et orientations concrètes des financements affectés à la région Afrique centrale, renonçant ainsi à la logique de partenariat indispensable à la bonne tenue de toute coopération ». En revanche, les Etats de la région Afrique centrale ont opté majoritairement à l’interdiction des exportations de bois brut, afin de privilégier l’investissement local dans la transformation de cet important secteur d’activités, la diversification économique et la création des chaines de valeurs à fort potentiel de valeur ajoutée, créatrices d’emplois durables pour la jeunesse. En somme, l’alignement de l’instrument « Global Europe » ainsi que le Fonds Européen de Développement Durables (FEDD) sur les priorités et objectifs stratégiques définies par la CEMAC, la CEEAC avec leurs Etats membres, se révèle comme étant un critère fondamental de revitalisation du nouveau cadre de coopération Union européenne – Afrique centrale. Ce d’autant plus qu’il est présenté comme une niche potentielle d’intérêt de premier ordre des actions futures de cette région. C’est dans cette optique que les Comités de pilotage des Programme d’Appui à la Gouvernance des Infrastructures (PAGIRN) et du Programme d’Appui à l’Intégration Régionale et à l’Intéressement en Afrique Centrale (PAIRIAC) à travers lesquels l’UE se déployant en Afrique centrale ont tenus en marche leurs assises.
Mathieu Nathanaël NJOG
Article publié dans le journal Le Canard Libéré du Cameroun
www.lecanardlibere237.com
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