ZLECAF
Avec l’Accompagnement des partenaires techniques, la Plateforme Régionale des Organisations Paysannes d’Afrique Centrale a organisé du 12 au 13 juin 2023 à Douala un atelier régional de formation et d’information sur la zone de libre-échange continental africaine. L’objectif, arrêter des stratégies pour en tirer les plus grandes retombées.
Conscient que la Zone de libre-échange continental africaine (ZLECAF) est une niche d’opportunités pour la croissance de l’agriculture en Afrique et de contribuer à la sécurité alimentaire ainsi que l’amélioration de la compétitivité à travers le développement des chaînes de valeurs agricoles régionales et d’encourager les investissements essentiels, dans les infrastructures de production et commercialisation, la Plateforme Régionale des Organisations Paysannes d’Afrique Centrale (PROPAC) qui regroupe les producteurs agricoles des dix pays de la région CEEAC-CEMAC veut adopter une stratégie régionale d’appropriation par les parties prenantes afin de saisir les retombées qu’offre ce marché d'environ 1,3 milliards d’habitants répartis dans 55 pays membres de l'Union Africaine (UA) dont le PIB combiné s'élève à 3,4 milliards de dollars (environ 2 210 milliards FCFA). Preuve s’il en était besoin que la ZLECAF offre à l'Afrique une occasion unique de déployer son potentiel économique en faveur d'une croissance inclusive et d'un développement durable. Pour cela, il faut stimuler les échanges agricoles intra-africains, qui est l’un des outils de libre-échanges le plus faible estimé actuellement à moins de 20% du total des échanges agricoles. « Le commerce intra-africain se situe seulement à 16% contre 70% pour l’Europe, 52% pour la l’Asie, 50% pour l’Amérique et 26% pour l’Amérique du Sud. Cela montre relativement que les africains n’échanges pas vraiment entre eux. Et cet instrument de développement et d’intégration», a souligné Parfait Eppoh, Représentant du Ministre de Commerce. C’est dire l’impératif qu’il y a pour les pays africains de développer les échanges entre eux.
L’agropastoral un atout
L’agriculture a alors un rôle prépondérant à jouer dans ce challenge. Les Chefs d’Etat et de Gouvernement, à Maputo en 2003 et à Malabo en 2014, avaient senti le coup en initiant la mise en place du Programme Détaillé pour le Développement de l’Agriculture en Afrique (PDDAA) dans l’optique de renforcer la perspective de s’en servir comme un levier qui devrait assurer une croissance durable et inclusive en Afrique au cours de la décennie 2015-2025. L’Afrique centrale a des atouts pour en tirer le plus grand profit. Ce d’autant plus que plus de 60 % de la population de la région CEEAC-CEMAC vivent en milieu rural et 50 % de la population active travaillent dans le secteur agricole. Seulement, les pays d’Afrique centrale ont des orientations différentes dans leurs politiques agricoles, ce qui justifie le niveau insuffisant de production et de transformation locale des produits alimentaires pour satisfaire la forte demande des consommateurs. Conséquence, une grande majorité des pays de la sous-région dépend largement des importations de produits alimentaires dont les chiffres déséquilibrent énormément la balance de paiement de la région. «Le moment est venu pour les pays africains d’inverser la tendance étant entendu que l’opérationnalisation ainsi entamée pour la ZLECAF va permettre aux paysans de nos Etats membres que vous êtes, de commercer véritablement entre eux les échanges », déclarera Parfait Eppoh.
CEEAC-CEMAC, un énorme potentiel
L’Afrique Centrale jouit d’une position géographique et d’une complémentarité de son potentiel dans les échanges des produits agricoles et alimentaires qui pourrait booster son intégration. Malheureusement, l’Afrique Centrale reste l’une des régions les moins intégrées du continent, en termes de flux de commerce intracommunautaire, de mouvement des personnes et d’interconnexion des infrastructures physiques. Avec des échanges commerciaux les plus faibles au niveau régional soit 2 % au cours de la période 2015-2017). En revanche, les dix pays de la région échangent principalement avec l’UE (32 % des échanges de la région), les États-Unis (23 %) et de plus en plus avec les économies émergentes (dont la Chine, 16 %). Il se trouvent que les principales contraintes qui freinent le commerce régional des produits agricoles et agroalimentaires sont : - l’inadéquation de l’offre et des excédents de production ; - l’insuffisance des capacités logistiques de commercialisation, notamment les infrastructures de transport et les marchés transfrontaliers structurés et régulés ; - la persistance de Barrières Tarifaires et Non-Tarifaires (procédures) au commerce de produits agricoles ; et - La faiblesse des instruments de couverture du risque de change lorsque les échanges s’effectuent entre zones monétaires. Face à toutes ces contraintes, la PROPAC a décidé de poursuivre la réflexion sur le potentiel d’un tel marché pour le secteur agro-sylvo-pastoral et halieutique en Afrique Centrale, afin de préparer ses membres à tirer le plus grand profit de ce gigantesque marché dans la perspective de contribuer au développement d’une économie durable de la région.
PROPAC, un rôle déterminant
L’atelier de Douala avait pour but de fournir aux participants des informations sur la ZLECAf, les effets attendus, les impacts potentiels notamment sur le secteur agricole et les risques ainsi que les orientations stratégiques envisagées par la CEA, la CEEAC, la CEMAC ainsi que les gouvernements des Etats d’Afrique Centrale pour sa mise en œuvre. « Il faudrait que nous puissions véritablement regrouper nos producteurs, nos commerçants et nos industriels, pour pouvoir véritablement transformer les produits et matières premières de grande consommation que la région dispose par une transformation locale », lancera Adama Coulibaly, responsable de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique. C’est dire la nécessité de formuler une stratégie régionale d’appropriation par les parties prenantes et les organisations paysannes de la ZLECAF. «La ZLECAF est un mécanisme mise en place par les africains et pour les africains. Elle doit être vulgarisée pour que nous puissions comprendre l’importance de ce mécanisme, qui est. Notre rôle au niveau de la PROPAC est de faire de telle sorte que les stratégies mise en place par nos Chefs d’Etat soient disséqués et ramené à la base pour que les producteurs à la base comprennent le sens de ce mécanisme dans notre pays et dans notre sous-région », précisera Kolyang Palebele, Président de la PROPAC. Vivement que les résolutions de cet atelier ne restent pas seulement des vœux pieux. Mais qu’au sortir de ces assises de Douala les parties prenantes passent véritablement de la parole aux actes. La Présidente des organisations paysannes du Cameroun, ACNOP-, Mme Elisabeth Atangana de rassurer : « Nous touchons les agriculteurs jusque dans les villages ». Et d’ajouter : «La ZLECAF est importante pour notre pays au regard de la position géostratégique du Cameroun qui doit maintenir sa position de leader face à une concurrence qui est forte en terme de commerce intra régional et en terme de production pour assurer la sécurité et la souveraineté alimentaire au Cameroun d’abord et par la suite celle de la sous-région Afrique centrale ».
Mathieu Nathanaël NJOG
Article publié dans le journal Le Canard Libéré du Cameroun
www.lecanardlibere237.com
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