LOI DE FINANCES 2025
La soirée des partenaires de la douane camerounaise, le 24 janvier 2025 à Douala a été une belle occasion pour le Ministre des Finances de s’adresser aux opérateurs économiques en toute franchise..

Après Buea le 15 janvier 2025 lors de la cérémonie de lancement du budget, et Garoua, le 20 janvier au lacement des manifestations en prélude la 72 édition de la Journée Internationale de la Douane 2025, le Ministre des Finances, Louis Paul Motaze a profité de la 14è édition de la soirée des partenaires qu’il a présidé le 24 janvier 2025 à Douala pour s’adresser aux gros des opérateurs économiques du Cameroun qui sont essentiellement implantés à Douala et ses environs. Parce que comme le décrivait le Directeur Général des Douanes (DGD), Fongod Edwing Nuvaga, la veille lors du Forum Douala-Entreprises,: « Cette vielle ville de grande réputation en Afrique centrale, situé au confins du Golfe de Guinée dont l’entrée à la mère se fait à partir de l’embouchure du Wouri, lieu mythique abritant sans nul doute les ressources inépuisables du patrimoine culturel de la grande communauté Sawa, lieu à partir duquel il est possible de voir sans jumelle de vue la baie du Biafra et la ville de Malabo, ville de creuset de l’unité nationale parce qu’elle incarne le multiculturalisme, et le vivre ensemble. Douala est d’abord et surtout la capitale économique du Cameroun, le réceptacle privilégié du milieu des affaires, le lieu de construction de la salle du développement économique, le Cameroun qu’il est aujourd’hui ». D’où le grand intérêt du chef du département ministériel des finances de saluer le renforcement de ce partenariat. Et pour cela, le Ministre des Finances, Louis Paul Motaze, soulignera : « Que faut-il pour renforcer le partenariat ? La première chose, c’est bien se connaitre. Beaucoup de choses arrivent parce que les gens ne connaissent pas ».

Les opérateurs économiques ne sont pas étouffés
Parce qu’il semble convaincu qu’entre les opérateurs économiques et le département ministériel qu’il a la charge de conduire, il existe un dialogue de sourd. Car révèlera-t-il, dès son arrivé à Douala pour la circonstance, son hôtel de résidence sera pris d’assaut par la communauté des affaires qui souhaitaient le rencontrer sous le prétexte de lui adresser les souhaits de la bonne année. Mais qu’elle n’a pas été sa surprise de constater qu’a chaque entretien les échanges ont vite fait de virer aux complaintes : « Monsieur le Ministre, je paie trop d’impôts ». Ce qui va obliger le Ministre des Finances lors de cette soirée des partenaires de la douane de mettre de côté l’allocution préparée pour se lancer dans un speech improvisé afin de lever tout équivoque sur les critiques sévères qui sont distillés sur la Loi de Finances 2025. « Je voudrais que les choses soit plus claire, contrairement à ce que j’ai lu, çà et là, qu’il y a trop d’impôts, je voudrais vraiment que vous partiez avec la ferme conviction qu’au niveau du gouvernement, il ne s’agit pas d’étouffer les opérateurs économiques avec la pression fiscale qui serait insoutenable. Tel n’est pas la volonté de l’Etat ». Se sachant devant les dirigeants des Syndicats patronaux (GECAM, MECAM, SYNDUSTRICAM,…), les chambres consulaires ( CCIMA,…), les chefs d’entreprises du secteur privé, secteur public, et secteur parapublique, les promoteurs des PMEs, et les journalistes, il va s’appesantir sur quelques chiffres.
Pour démontrer que la pression fiscale n’est pas insoutenable au Cameroun, le MINFI rappellera que la pression fiscale au Cameroun est à un taux de 14% alors que dans les pays à niveau comparable, ils sont bien plus élevés. Et de s’étonner que pour discréditer la Loi des Finances 2025, « on en parle que des impôts nouveaux qui ont été créés et on ne parle pas de ceux qui ont été annulés, ou ceux qui ont baissé ». Et de rappeler qu’à Buea, il a été interpellé par les forces vives de la région du Sud-Ouest qui réclamaient les routes, les hôpitaux, les écoles,… ce qui est en soit est légitime, reconnaissait-il, mais alors, il a demandé une nouvelle fois solennellement : « Comment on finance tout ça ? ». Alors que le Cameroun n’a pas une manne pétrolière comme les pays qui sont les grands producteurs. Pour autant, il va rassurer que le Gouvernement veut bien satisfaire à toutes ses attentes : « L’Etat du Cameroun n’as qu’une seule volonté, avoir les moyens d’assurer le financement des services publics, avoir les moyens de financer l’activité économique ». Mais cela est possible par l’endettement, que l’opinion publique décrie à tort. Et pour cause : « Nous avons un niveau d’endettement de 44,3%. Nous sommes parmi les dix pays les moins endettés d’Afrique. On ne le dit pas assez », soulignera Louis Paul Motaze. Et de poursuivre : « Mais c’est une politique volontariste que nous avions mis en place, même si au niveau de la CEMAC, on nous donne la possibilité d’aller jusqu’à un taux d’endettement de 70%. Volontairement nous essayons de rester en deçà de 50%. C’est ce que dit la SND30 ».

Extension de l’assiette ce n’est pas augmentation
Et par la suite de s’interroger : « Lorsqu’on ne s’endette pas, il reste quoi ? Nous n’avons pas une manne pétrolière, vous ne voulez pas vous endetter, mais vous voulez financer les interventions de développement, l’énergie,… il reste quoi comme solution ? » Et de répondre sans fioriture : « Mesdames et messieurs, il reste les recettes internes. Et les recettes internes, ce sont les impôts et les taxes ». Surtout qu’il dit ne pas connaitre comment faire la magie pour financer l’économie sans s’appuyer sur les impôts. Ne sachant s’y prendre autrement, il avouera : « C’est pour cela que je suis venu en espérant que je vais rentrer avec la solution que vous allez me donner. C’est-à-dire me montrer comment faire la magie. Je sais faire beaucoup de choses, mais je ne sais pas encore faire la magie ». Face à cette réalité, il va dire ne pas comprendre que les pauvres (secteur informel) qui contribuent à 02% se plaignent de financer le budget lorsque ce ne sont pas les Grandes entreprises qui crie urbi orbi que lorsque l’Etat recherche de l’argent, il se dirige vers eux. Mais de préciser que : « C’est pour cela que de plus en plus nous avons une politique d’extension de l’assiette imposable pour que tout le monde paye. Pas seulement vous les Grandes Entreprises ». Et de rassurer : « Lorsque nous l’avons fait, certains ont pensé que nous avons augmenté les impôts alors que ce ne sont pas les impôts qui ont augmenté, on a seulement essayé de trouver les voies et moyens pour que les gens n’échappent pas aux impôts. C’est pourquoi certains se sont offusqués que désormais pour prendre son avion désormais, il faut s’assurer qu’on est en règle vis à vis des impôts. Ce n’est pas un impôt ». Vivement que la réaction du patronat est attendue. Le GECAM annonce une sortie les 26 et 27 février 2025 à Yaoundé. Espérons que ce sera l’occasion de répliquer de démontrer le contraire.
Mathieu Nathanaël NJOG
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Article publié dans le journal Le Canard Libéré du Cameroun
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