SANTE ET CHANGEMENT CLIMATIQUE
Publié le 18 septembre 2024, le 8è rapport annuel de Goalkeepers de la Fondation Bill & Melinda Gates visant à accélérer les progrès vers la réalisation des objectifs de développement durable dont s’étaient fixés les dirigeants mondiaux en 2015 au siège des Nations Unies, les exhorte maintenant et de manière urgente à augmenter les dépenses mondiales en santé là où elles sont les plus nécessaires, et ce afin d'améliorer la santé et la nutrition des enfants, en particulier face à la crise climatique planétaire.
Le changement climatique condamnera 40 millions d'enfants supplémentaires à un retard de croissance et 28 millions d'autres à l'émaciation entre 2024 et 2050. La mise en œuvre dès maintenant de solutions à grande échelle peut permettre d’éviter d’aboutir à cela, et ce tout en renforçant la résilience au changement climatique et en stimulant la croissance économique dont le monde a tant besoin. En 2023, l'Organisation mondiale de la santé avait estimé que 148 millions d'enfants souffriront d'un retard de croissance, ce qui leur empêchera d’atteindre leur plein potentiel mental ou physique. Elle estime également que 45 millions d'enfants souffriront d'émaciation, un état dans lequel les enfants deviendront faibles et émaciés, les exposant à un risque beaucoup plus élevé de retard de développement et de décès. Il s'agit ainsi des formes les plus graves et irréversibles de malnutrition chronique et aiguë. C’est ce qui ressort du rapport annuel de Goalkeeper de de la Fondation Bill & Melinda Gates intitulé : «La course pour nourrir un monde qui se réchauffe», publié le 18 septembre 2024. Parce que selon Melinda Gates, coprésident de la Fondation du couple Gates, la malnutrition est «la pire crise de santé infantile au monde» et le changement climatique ne fait qu'aggraver la situation. Face à cette crise, la Fondation Bill et Melinda Gates exhorte les dirigeants mondiaux à augmenter les dépenses mondiales en santé là où elles sont le plus nécessaires, et ce, afin d'améliorer la santé et la nutrition des enfants, en particulier face à la crise climatique mondiale.
La situation alarmante de la malnutrition
Le rapport met également en lumière les coûts économiques catastrophiques de la malnutrition et présente des solutions qui peuvent contribuer à les atténuer. Selon la Banque mondiale, le coût de la dénutrition s'élève à 3 000 milliards USD (environ 1650 milliards de FCFA) en perte de productivité chaque année, car la malnutrition affaiblit les capacités physiques et cognitives des individus. Dans les pays à faible revenu, cette perte va de 3 à 16 % (ou plus) du PIB, ce qui équivaut à une récession mondiale permanente de niveau de 2008 chaque année. Dans le même temps, alors que les défis mondiaux visant à atteindre trois objectifs extraordinaires d’ici 2030 à savoir : mettre fin à la pauvreté, lutter contre les inégalités et l’injustice et lutter contre le changement climatique, s'intensifient, la part totale de l'aide étrangère destinée à l'Afrique a diminué. En 2010, 40 % de l'aide étrangère était destinée aux pays africains. Aujourd'hui, ce chiffre n'est plus que de 25 % - le pourcentage le plus bas depuis 20 ans - alors que plus de la moitié des décès d'enfants surviennent en Afrique subsaharienne. Cette tendance expose des centaines de millions d'enfants à un risque sérieux de mourir ou de souffrir de maladies évitables et menace les progrès sans précédent que le monde a réalisés en matière de santé mondiale en Afrique entre 2000 et 2020. C’est dire que la mise en œuvre dès maintenant de solutions à grande échelle peut permettre d’éviter d’aboutir à cela, et ce tout en renforçant la résilience au changement climatique et en stimulant la croissance économique dont le monde a tant besoin.
Une situation alarmante pour laquelle Melinda Gates appelle « à maintenir le financement de la santé mondiale, à répondre immédiatement à la menace croissante de la malnutrition infantile en soutenant le Fonds pour la nutrition infantile». Parce qu’elle est convaincue que : «Le meilleur moyen de lutter contre les effets du changement climatique est d'investir dans la nutrition... La malnutrition rend chaque pas en avant que notre espèce veut faire plus lourd et plus difficile». Et de poursuivre : «Mais l'inverse est également vrai. Si nous résolvons le problème de la malnutrition, nous aidons à la résolution de tous les autres problèmes. Nous résolvons l'extrême pauvreté. Et des maladies mortelles comme le paludisme et la pneumonie deviennent beaucoup moins mortelles». A cet effet, le rapport met en lumière des outils éprouvés qui contribuent à résoudre le problème de la malnutrition, à renforcer la résilience des populations face aux pires effets du changement climatique et à faire reculer la mortalité infantile. Ces outils comprennent : - De nouvelles technologies agricoles qui produisent jusqu'à deux ou trois fois plus de lait et un lait plus sûr, ce qui permet de prévenir des millions de cas de retard de croissance chez les enfants d'ici à 2050. A l’instar de la modélisation qui peut permettre de prévenir 109 millions de cas de retard de croissance chez les enfants d'ici à 2050. Ou encore, les efforts déployés pour développer de nouvelles méthodes d'enrichissement des aliments de base, en iode et en acide folique dans le sel et le bouillon, ce qui pourrait entraîner une réduction de 4 % du taux d'anémie et éliminer jusqu'à 75 % des décès et des mort-nés dus à des anomalies du tube neural. - Les efforts visant à fournir des vitamines prénatales de haute qualité aux femmes enceintes pourraient sauver près d'un demi-million de vies et améliorer les résultats des naissances de 25 millions de bébés d'ici à 2040.
L’efficacité de l’apport des donateurs prouvée
Le rapport indique également que l'adoption de suppléments en micronutriments multiples (MMS) ne représente qu’un coût de 2,60 dollars (environ 1430 FCFA) pour une grossesse entière dans tous les pays à revenu faible ou intermédiaire. Il y a également les nouvelles recherches prometteuses sur le microbiome peuvent améliorer la santé des personnes. Des études indiquent qu’une meilleure santé intestinale peut aider les enfants à absorber les nutriments, à développer un système immunitaire fort et à grandir comme ils le devraient pour s’épanouir. Ceci en changeant non seulement la façon dont le monde gère la malnutrition, mais également la suralimentation, qui affecte les pays riches. Des essais d'agriculteurs et d'experts en première ligne de la crise de la malnutrition expliquent l'impact de ces outils sur leurs communautés. Le rapport annonce aussi une nouvelle plateforme qui coordonne le financement des donateurs pour la nutrition à travers les institutions établies comme Gavi, l’Alliance du vaccin (qui doit procéder à sa prochaine reconstitution de fonds en 2025), et le Fonds Mondial de Lutte contre le Sida, la Tuberculose et le Paludisme, qui devrait également procéder à sa reconstitution de fonds l’année prochaine. Et dont leur efficacité pour protéger des millions de vies chaque année a été prouvée. «Le Fonds pour la nutrition de l'enfant pourrait changer la donne. Il a le potentiel de répondre à la crise de la malnutrition infantile et de transformer la philanthropie en faveur de la nutrition maternelle et infantile» a déclaré Dr Víctor Aguayo, Directeur de la Nutrition et du Développement de l'Enfant à l'UNICEF.
Mathieu Nathanaël NJOG
Article publié dans le journal Le Canard Libéré du Cameroun
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